Avant de rencontrer Jules en Titre, j’ai connu une rupture particulièrement difficile et douloureuse. Le genre de rupture dont on pense ne jamais pouvoir se remettre. Puis, finalement, le temps fait son œuvre. Doucement, j’ai remonté la pente aidée par les bonnes vieilles copines, quelques potes et un nombre conséquent de mètres de tequila.
Après, je suis passée par une phase assez inhabituelle pour moi : celle de la remise en question. J’ai été obligée d’admettre que l’Ex n’était pas un connard et que j’avais ma part de responsabilité dans cette rupture. Une part bien plus grosse que je ne l’imaginais à l’instant T. Ca m’a permis de réaliser que je courais après une illusion. Un idéal masculin qui m’a été vendu d’abord par les Walt Disney puis, par les comédies romantiques d’Hollywood.
Je me suis surtout rendue compte (et ça, je crois que ce fut le plus douloureux) que Mère avait raison : il y a ce qu’on pense vouloir chez quelqu’un parce qu’on nous a conditionné pour et ce dont on a réellement besoin chez l’autre pour être heureux.
Elle m’a parlé d’un amour qu’elle avait eu, avant Père. Un homme qui, en apparence, semblait avoir tout ce qu’elle désirait. Le temps passant, leur relation avançant, ils se sont fiancés. Les préparatifs du mariage fut l’occasion pour elle de se rendre compte qu’il souffrait d’alcoolisme. Chose qu’elle ne pouvait tolérer chez un homme après avoir subi les dégâts de l’alcoolisme de sa mère. Elle rompit ses fiançailles et se tourna vers l’un de ses nombreux courtisans a qui elle ne prêtait pas particulièrement attention mais qui, lui, répondait aux réels besoins qu’elle avait pour construire une famille, une vie avec un homme.
Cet homme, c’était Père. Et ça fait presque 50 ans que ça dure. Ensemble, ils ont eu 4 enfants. Ils ont affronté la perte de leur première née. Ils ont quitté famille et patrie pour que mes frères et moi n’ayons pas à souffrir de la dictature comme eux. Ils ont travaillé jours et nuits pour nous offrir de bonnes écoles, une carrière mais aussi, un patrimoine.
Ce n’est pas l’amour passionnel dont on rêve toute. C’est un amour plus fort, plus durable. Parce qu’il a été bâti sur de solides fondations, qu’il a bravé vent et marré pour en ressortir plus solide. Ils partageaient une vision commune de la de la vie à deux, en famille. Ils avaient les mêmes valeurs, les mêmes principes. Ce qui les unissait était (et est toujours) plus fort qu’une fougue éphémère.
Et, lorsque je les regarde, je suis touchée par la tendresse qu’il y a encore dans leurs regards, leurs petits gestes. Etonnée de voir les efforts et la patience qu’ils manifestent l’un envers l’autre. Ebahie par la tolérance qu’ils ont envers les très agaçants défauts l’un de l’autre.
Après la bonne parole maternelle et le constat de sa réalité, j’ai décidé de prendre du temps pour répondre à cette question : de quoi ai-je réellement besoin chez un homme pour être heureuse ? Pour commencer, j’ai listé ce dont je ne voulais pas chez un homme. Attention, rien de futiles. Des choses qui vont à l’encontre de mes principes et convictions. Puis, j’ai listé ce dont j’avais réellement besoin pour être heureuse avec un homme. Là aussi, rien de futiles. Juste des choses qui me sont vraiment essentielles.
Cette mise au point avec moi même m’a permis d’éviter quelques relations sans avenir. Mais elle m’a surtout permis d’ouvrir les yeux et de remarquer que ce dont j’avais réellement besoin était déjà devant moi, que je n’avais qu’à ouvrir les yeux et tendre les bras pour l’avoir.
Aujourd’hui, je suis heureuse. Je ne vis pas avec l’homme parfait tel que je me le suis imaginée pendant de trop nombreuses années. Mais je vis avec un homme qui répond à mes réels besoins. Un homme qui, bien que très différent de moi, partage mes principes, mes valeurs ainsi que ma vision de la vie à 2, puis 3… Un homme dont les défauts me semblent bien dérisoire à côté de ses qualités et du bonheur qu’il m’apporte quasi quotidiennement.
Et, la meilleure façon de s’en apercevoir, c’est encore de lire Epousez-le de Lori Gottlieb !